Liberté de la presse : La Tunisie n'est pas à la traîne
A l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse qui a lieu le 3 mai de chaque année, Mosaique FM a reçu l'ambassadrice du Canada, Carol McQueen et l'ambassadrice du Royaume-uni en Tunisie, Louise de Sousa, dans l'émission "Chellet Amine".
Q: Peut-on parler aujourd'hui d'une véritable liberté de la presse ?
R : Madame Carol Mc Queen: " La liberté de la presse est essentielle pour le processus démocratique et c'est important de lui consacrer une journée. Je trouve, cependant, qu'il n'y pas suffisamment de pays qui en jouissent.
En effet, Uniquement 9% de la population de la planète vivent dans des pays où cette liberté est garantie, selon l'association Reporters Sans Fronstières. La presse est un moyen primordial permettant au citoyen d'être au courant de ce qui l'entoure.
Je tiens à féliciter la Tunisie qui a obtenu la meilleure classification de l'Afrique et du Moyen-Orient en occupant la 72 ème place, d'après le rapport de World press freedom qui vient de sortir. Ce pays a fait un énorme progrès depuis la révolution en matière de liberté d'expression et des médias. Il faut s'accrocher pour garder l'universalité de cette valeur et la qualité du travail journalistique ."
Q : La révolution tunisienne a-t-elle contribué à l'évolution des médias et à la liberté d'expression, selon vous ?
R : Madame Louise de Sousa : "La Constitution de 2014 comprend une protection légale pour la liberté de la presse et je trouve que la loi d'accès à l'information qui a été promulguée en 2016 constitue un pas assez important vers l'avant.
La Tunisie a, aujourd'hui, le privilège d'avoir des médias qui transmettent un contenu conjugué au pluriel ainsi qu'une variété de perspectives tout en misant sur la qualité de la presse. Les partenaires de la Tunisie que nous sommes veillons, dans ce sens, à assurer d'une manière continue la couverture des événements et l'analyse des débats politiques et économiques dans ce pays."
Q : Nous savons tous que la liberté d'expression au Canada ainsi qu'au Royaume-uni a toujours été un acquis indéniable dans le domaine des médias mais quelles sont les obstacles que vous y rencontrez ?
R : Madame Carol McQueen : " La première contrainte que je pourrais citer est certainement le coût du journalisme professionnel et d'investigation qui est de moins en moins présent dans la scène médiatique. La presse électronique notamment de nos jours nous revient plus cher que la presse écrite qui permettait aux propriétaires des journaux de payer les journalistes à partir des bénéfices tirés des ventes des espaces publicitaires.
Les fakes news constituent un second obstacle au Canada. En effet, avec la multitude des réseaux sociaux qui sont un atout pour l'affirmation de la démocratie, tout le monde peut publier des faits dans un espace public et mettre des informations à la disposition de la population internationale. Ici, le rôle du citoyen est de séparer le bon grain de l'ivraie. Ceci dit, même dans une démocratie avancée, on rencontre des problèmes au quotidien, il faut juste persévérer et préserver ces acquis si précieux."
Q: On a entendu parler d'une initiative lancée par les ministres des affaires étrangères britannique et canadien et qui aura lieu au mois de juillet prochain à Londres, en participation des représentants de plusieurs pays, Pouvez-vous nous en dire davantage ?
R : Madame Louise de Sousa : " Cette initiative vise à promouvoir la liberté des médias en tant que principe et à instaurer une prise de conscience sur son importance.
La campagne a été lancée pour plusieurs raisons : 2018 a été, par exemple, l'année la plus meurtrière pour les journalistes. Il faut savoir que, selon les Nations-unies, au moins 99 journalistes ont été assassinés , que plus de 300 sont en détention et qu'environ 60 journalistes ont été pris en orage.
Ces derniers exercent par ailleurs une profession dangereuse et risquent leurs vies au quotidien pour que nous accédons à l'information à chaque coin de monde . Ce sommet aura pour but de réveiller la conscience internationale quant à ce sujet."
R: Madame Carol McQueen : " Cette liberté est menacée et attaquée dans plusieurs régions du monde, notamment dans des zones de guerre et de conflits et dans les pays où on est mis derrière les barreaux pour avoir exprimé son opinion.
Il est donc grand temps que les ministres des affaires étrangères des États concernés se dressent, unis, contre ces pratiques d'oppression afin trouver d'y mettre fin.
Nous savons tous qu'il y a des pays non démocratiques qui essaient d'influencer les pays démocratiques en manipulant leurs médias. C'est malheureusement une forme d'ingérence inacceptable. "